samedi 27 août 2022

Journal d'été : illustration #05


Il y a des blessures maquillées
belles jusqu'à la fin de la nuit
la lune s'endort 
et personne ne l'entend respirer

La comédie du grand amour - août 2022


lundi 22 août 2022

Journal d'été : illustration #04

 ciel 

          miel

je dépose les gants

                appliquée - août 2022

                                                                                

mardi 16 août 2022

Retombées


C'est ainsi 
les nuits d'août
une boule de feu
ronronne doux
ne cesse pas
ronronne 
encore
ne dit rien 
ne sait rien
sans se consumer
cherche le puits 
des vagues
des sensations
pour étinceler
tourne pleine
sur elle-même 
répète la fin
du tourment
perce ton ventre
de son ombre
t'entraîne à la vie
t'emporte dedans
c'est comme si
elle t'apprenait
le temps limité





dimanche 14 août 2022

Journal d'été : illustration #03


les vérités - août 2022

Toutes les histoires sont des mensonges. Écoute-moi. Toutes les histoires qu'ils racontent. Celles qui disent que nous sommes mauvaises. Mensonge. Celles qui disent que nous sommes bonnes et belles comme l'argent que tous les hommes s'éprennent de nous à s'en jeter dans les bassins. Mensonge. Celles qui disent que nous sommes un mystère mystérieux. Mensonge. La plupart des hommes sont des menteurs. Les hommes qui inventent des histoires et ceux qui les racontent. Ceux qui nous découpent et nous pressent et nous mettent dans les mots pour que nous soyons comme l'histoire qu'ils veulent raconter, avec la morale qu'ils veulent raconter. Découpées et réduites et enserrées dans leurs toutes petites têtes. Minuscules et stupides, mais tout aussi méchantes. 
Blanca, ta mère, bougeait à la façon d'une oie et elle allait à droite et à gauche avec son ventre de plus en plus gros. Elle avait le ventre plein et dur comme un tambour et ses seins avaient gonflé et donneraient bientôt du lait. Comme par magie. Comme une magie pour de vrai, parce que de sa vulve allait sortir un enfant entier, avec tous ses ongles, avec des yeux et une langue, et ce serait toi. Une petit fille pleureuse et toute belle, parce qu'aux yeux des mères tous les enfants sont beaux et parce que toi tu serais vraiment belle. 
Blanca, ta mère, voulait de la compagnie. Avant. Et elle est allée chercher un homme. Et elle en a trouvé un. Elle a trouvé un homme fort qui travaillait dans les champs, avec de grosses mains habiles, la peau sombre comme la nuit et des yeux noir et jaune parce qu'il avait vu des choses tristes et vivait loin du pays où il était né. Et ils s'aimaient le soir, Blanca et ton père, toujours sous les arbres et sur l'herbe. Blanca mettait les mains sur sa poitrine, et il disait regarde, comme un papillon, dans une autre langue. Ta mère ne voulait pas sauver cet homme, après tant d'années à vouloir sauver des hommes. Elle ne voulait pas le ramener à la maison. Elle voulait seulement la semence, pour avoir une petit fille, brune comme une châtaigne. Pleine de rire et d'idées. Belle pour de vrai, parce qu'elle est faite de chair. De chair et d'os. Pas toute blanche et argentée comme un lys. Non. Elle est faite de chair pour de vrai. Tu peux la mordre ! Grrrarr.


                                                       _ Irene Solà, Je chante et la montagne danse
                                                            Extrait p.125/126 : Faire venir les petits 
                                                                          [Éditions du Seuil - 2022]



samedi 6 août 2022

Journal d'été : illustration #02


Par mes racines
profondes
je creuse les mots. 
Les matins
j'enlace les ombres.
Et dans le puits de leur multitude 
de sens, de liens sur mes failles
je déplie la vie

de l'autre main



l'aube



dans ma voix 


― Roubaix, juillet et août 2022 


lundi 1 août 2022

Journal d'été : illustration #01





Je redécouvre les nuances du ciel, le contre-jour, l'aspect charnel des grands arbres. Est-ce qu'on mesure la profondeur d'une épreuve à ce qui advient, transforme ou même à ce qui tue ? C'est un été dénué de certitudes mais néanmoins, je sais d'où je viens. L'été est entamé, il s'achèvera mais je le vois comme une fontaine dans laquelle j'écris une nouvelle naissance. La chaleur a cette faculté de liquéfier les corps fantômes. Je peaufine les maux dans l'eau. Laisser mûrir les émotions. Regarder plusieurs fois le même dessin naïf. Se laisser aimer par une gaieté soudaine. S'engager sur une route complexe après l'exit de la vérité. Renoncer pour la première fois. S'éclairer de la partie intime du ciel. Marcher longuement avec la soif du doute, la taille haute. Emprunter une mine de plomb qui a l'éclat du manque. C'est un manque bercé par les bras des arbres.





― Bruxelles, 30 juillet 2022 
#Rue des Renards 5282 - #La Passion
#Rue des Renards 5288 - #La Dérobade