mercredi 29 janvier 2025

Jeu à l'aveugle

                                                  La Madeleine M. autoportrait

 

je redeviens le souvenir en miniature, l'initiative
dans la petite chambre noire où les images bougent sans objet
les mots imprimés dans l'épaisseur de mon corps — mon aile s'ouvre
sur les fines parois, une buée vient et disparait comme un croc réfléchi
je discerne le chemin de l'eau, un rien calme au fond de la chambre
entre la vision et ma quiétude, il y a une tâche de lumière
les sensations éparpillées, je respire le fou - tour à tour 



samedi 18 janvier 2025

La subtilité de la faiblesse


                                            l'étreinte

chercher l'air sur la peau / sentir le visage tiède entre les mains / attraper les aurores de la vie / révéler la clarté des épaules / dénuder des petits grains de folie sur le vieux tapis effrangé / entrelacer l'étonnement à l'onde noire /  mourir à soi-même / sans réfléchir sortir du feuillage des mots / trembler comme un oiseau / grogner d'instinct comme l'animal / battre du coeur dans un silence rouge / l'horizon évanoui / la bouche agile toujours plus douce / embrasser l'acte véritable / dans un monde où nous pressentons à peine le contact irremplaçable / te connaître dans ma peau / fragilité d'une équivoque / la phrase close fatale / et le parfum du corps délimité / entendement / à quoi penses-tu quand ma liberté t'est profonde ? 



dimanche 5 janvier 2025

Est-ce que l'eau est plus profonde que le secret ?

 

                                                                    profondeur de nuit

Ce besoin de pénétrer, d'aller à l'intérieur des choses,
à l'intérieur des êtres, est une séduction de l'intuition de la chaleur intime.
Où l'oeil ne va pas, où la main n'entre pas, la chaleur s'insinue.

_ Gaston Bachelard, La psychanalyse du feu
                   [Le complexe de Novalis]


— dans la passion —

                                                                     le départ du train

l'odeur de la Nuit passe de lieu en lieu, elle mêle l'avant et l'après des phénomènes pour t'emporter. Je ne sais plus si elle est un bien, si après le passage, elle reste la lumière intuitive au centre du corps. Au revoir pour te revenir, au revoir le mélange des sentiments. Je caresse le rêve d'une forme crue, je me dévore moi-même en mon lieu décrié. C'est toi la Nuit et pour la Nuit ultime, c'est une odeur de flamme humaine. Murmures, soupir et l'eau de l'imagination. Je suis venue te donner l'horizon avec la douceur annoncée de l'expérience, au revoir l'absence de paroles. En une manoeuvre mystérieuse, j'emprunte au train le sifflement d'une douceur. Suis-je le frottement du féminin et du masculin, un battement de vagues, la dénudation de tes contradictions des pieds à la tête ?

 
                                                                    loger le sentiment


Et puisqu'il faut disparaître, puisque la Nuit est la lumière de l'aurore — tu descends sous mes lèvres, soufflée toujours absente et silencieuse. Au fond de l'eau du feu, tu caches la poésie des voiles niant la folie, la vapeur, l'espoir de dilatation. Je suis dans l'euphorie de l'éther, dans les arts du feu que la vie mortelle a créés. Et j'ouvre les yeux sur le secret, la Nuit de ton océan salé. Là sans voir, je ne peux qu'être intime, les tentations brûlantes sous la langue. 


                                                                            de l'intuition