vendredi 23 février 2018
À l'embouchure du dicible
(...)
et c'est surtout avoir le sentiment de partager ces gestes et ces rites avec d'autres, au-delà des frontières et des nationalités, partager ces choses devenues racines, tout en sachant à chaque instant qu'elles sont en même temps fragiles et essentielles, menacées par le temps et par les hommes :
fragments d'oubli et de mémoire, gestes que l'on retrouve
sans les avoir jamais appris, mots qui reviennent,
souvenirs de berceuses,
photographies précieusement conservées :
signes d'appartenance sur lesquels se fonde son enracinement dans l'Histoire,
sur lesquels se forge son identité,
c'est-à-dire ce qui fait qu'il est à la fois lui et identique à l'autre.
_ Georges Perec, Ellis Island
Description d'un chemin
[Éd. P.O.L]
Ce qui trace l'ardent souvenir,
ce sont nos pulsations données
à la limite de l'immuable.