c'était la colère sans cesse c'était la colère contre le mur que tu étais
il n'y a plus d'attente
il n'y a plus d'attente
sans prélude j'ouvris le jour de ce souvenir je me réveillai essentielle à la nuit écartée du bonheur lisse la peau pâle sous l'oeil d'une présence ondoyante je tombai dans le noir longue image au coeur épais les lignes nerveuses petite aspérité nichée dans le vide des ressemblances les courbes indomptables l'enfer diffus dans sa trajectoire l'échappée désorientée dans la bouche dévoreuse des lettres sa musique fidèle et ses lambeaux de soupir petite poitrine musclée d'une parole inouïe et le vertige que je m'offrai dressée contre la colère
l'irrésolu |
dans le noir sur la table blanchie trois chandelles brûlent
la puissance de ce paysage intérieur perce mes paupières fermées je suis sensible à ce qui s'infiltre finement en moi mais je ne le nomme pas la table est nue ici se joue l'infini le feu tripode m'exerce aux raisons tangibles le filtre sensoriel à peine coloré sur les veines devient de plus en plus fin et prend l'aspect d'une corolle vermeil le plaisir me trouve sans toi je resserre les doigts de ma main gauche et je pince le bout des premières phalanges pour considérer l'épreuve rouge simultanément les flammes effilées se balancent en volutes soyeuses elles aussi elles résistent ton silence brûle c'est le paradoxe entre le désir et une exhalaison inflammable ma main droite affleure la plus haute des chandelles — elle est plantée dans le corps de la table
[journal | une chambre simple]