dimanche 17 août 2025

Je vous vois, la vision est désarmante


                                                                              à mains nues


Le paradoxe de la magie apparaît évidemment : elle prétend être initiative et domination libre, alors que, pour se constituer, elle accepte le règne de la passivité, ce règne où il n'y a pas de fins. 

                                                         _ Maurice Blanchot, L'Espace littéraire 


— c'est une incantation —

                                                               la question de l'écriture

                                                                      une forme de jour

 
                                                                               l'ordre éclaté


« Qu'est-ce que désirer ? »
Elle avait lu cette question sur la corolle d'une fleur sensible et non finie en touchant la zone d'attrait et la différence comme l'épreuve ultime du langage. Un corps transgressif qui était sans réponse mais qui pourtant disait la recherche du dialogue, ce qui va-et-vient dans la discontinuité de la nuit


                                                                                  12.5 X 8.5


mardi 12 août 2025

Le Jeu imprenable

 

Nous ne savons plus dire le Mal.
Nous ne savons plus que proférer le discours des droits de l'homme - valeur pieuse, faible, inutile, hypocrite, qui repose sur une croyance illuministe en l'attraction naturelle du Bien, sur une idéalité des rapports humains (alors qu'il n'existe évidemment de traitement du mal que par le mal).

                 _ Jean Baudrillard, La Transparence du Mal


         Cat Power - Hate
          [The Greatest  | 2005]


j'aime les gens honnêtes, qui sont-ils ?
est-ce toi qui m'écoute quand ton coeur s'essouffle ou toi qui jongle avec la langue maudite, toi la nature vérace devant l'écran radar, sans doute toi le mécréant dans son corps de ferme, et toi qui cherche le sens oublié des mots — qui d'autre se trouve ici ? 

l'honnêteté est marginale, ne parle pas sur des cahiers chiffrés. Elle n'est pas la chemise immaculée pour séduire l'écriture d'un système, elle est voie sur un chemin vague. Ce n'est pas non plus une formalité généreuse pour se remercier. Si je ne sais pas et d'évidence, je ne sais pas, elle m'aiguille. Si je m'exalte, si je parle sans cesse et que je digresse, elle sourit. Et si toi et moi, l'on s'entend, on l'a saisie sans se faire mal avec des souvenirs, elle se risque. Sans loi morale, sans conformité. 


                                                         ©Y.D - Sarrazine_1351

 ⌠merci, f. & y. pour ce qui est dit et dedans⌡



vendredi 8 août 2025

Dans ces yeux là | la joie folle

 

Ça ressemblait à une grimace, comme de la douleur 
mais ce n'etait qu'une joie folle


_ salman rushdie, les versets sataniques
   [Ed. C. Bourgois - trad. de l'anglais par A. Nasier. p.220]


et le silence blotti contre l'histoire | crayon graphite - encre
[Roubaix - août 2025] 



mercredi 6 août 2025

Rendre au sauvage sa vitalité, c'est là où je veux vivre

  Robe A. Demeulemeester © S. Meisel 1997


j'ai tenté d'écrire la nature des lieux, d'entourer la trace des mots contraires, un autre jour puis un autre —  déchaînée par le doute d'exister à ses yeux / je me suis découverte dans une atmosphère d'éther, complice au craquement du texte, alliance trompeuse, bouleversante / qu'une fois  — une seule fois, j'ai senti le filet de sa voix envelopper ma nuque, défaire la combinaison de mon horloge, basculer l'hiver en devenir printemps haletant / qu'une autre fois différente, la marche vive, son silence s'est écoulé sur la latérale gauche de mon corps / depuis je ne vois plus le temps comme il est / la révélation est là sous des lignes de phrases adressées à personne / je les enflamme de paix 


— peut-on dire simplement qui l'on est sans domestiquer la vérité ? 



dimanche 3 août 2025

Les images sont toujours plus ouvertes que les mots


                                                                       le lez_k6113-Y.D

Ce n'est pas par hasard que les anciens disaient :
le siège de l'âme se trouve dans les yeux ...
« Animi sedem esse in oculis. »

_ Norbert Elias, la civilisation des moeurs
[Ed. Calmann-Lévy - in sociologie du problème p.81]

elle remplit le verre d'eau, elle dépose doucement le verre devant la porte du langage. Le verre se vide à une vitesse folle et dans un flottement silencieux. L'eau s'est évaporée. Quelqu'un est peut-être là, rieur, glissé des végétations humides de la parole, a bu tous les mots. L'instant est grave, englouti dans la voix. Avec le même soin, le même geste, les feuilles se tournent vers la nuit, des yeux observent aussi la clarté nocturne. Voilà ce qu'elle voulait dire, cette précise sensation de la présence, ce qui se passe dans les yeux qui sentent — autant fermés puissent-ils être, autant volubiles autour des corps absents.



dimanche 27 juillet 2025

Les signes que la langue découvre

 

« ..là où la peau a été touchée, la marque reste...»

   _ Goliarda Sapienza, Miroirs du temps
    [extrait de lettre à Mara, 15 juillet 1960]

                                                         rien d'autre que la sagacité


l'amour dit
la différence naît 
dans les tissus que le corps sent
le temps intime ouvre les mains et au bout des doigts la vision
il faut dire les choses profondes sans attente
    affectueusement en plein désordre
affleurer les traces 
unir les ombres


                                                       mes yeux et ceux du soleil


et par l'éclair d'un délice
où l'éclat est tangible
la vérité arrive


                                                                               nature double 


carnet / photographies / autoportrait K.D & G.L
Bruxelles
, 26 juillet 2025



vendredi 25 juillet 2025

La douceur de l'empreinte

les chattes partagent la clarté des fenêtres de la chambre, elles lisent l'instant d'avant, celui d'après et tout l'invisible de ce que ma bouche appelle. Face à elles, les maisons voisines reflètent l'incompréhensible d'un feu ardent, une forme de foyer étranger ou ce qui pourrait être l'écoute d'une vie nouvelle. Dans l'égarement du regard des félines, je parle la langue en eau tombée de gouttière en gouttière. J'apparais avec elles, je glisse sur les mots anciens et je disparais. La cascade peut s'évanouir de nos corps et pourtant nous survivons, rien ne vient du prolongement du ciel —  s'il y a de l'effacement dans le ravissement


                                                et du feu et l'azur - l'inlassable

j'ai touché quelque chose avec ma langue et c'est quelque chose que la chaleur des chattes traduit naturellement. Il semble si simple parfois avec l'attention précieuse de complices, d'interpréter les signes, d'être le retour d'une vision, l'insistance d'un prénom, affleurer un bonheur que nous ne voyons pas, de vivre un blottissement soudain contre la douceur aveugle



jeudi 17 juillet 2025

La fulguration des liens

 

Des toiles et des toiles mystérieuses et attachantes, entre autres, des sensations anonymes que le temps a éprouvées. Je suis là à l’intérieur, enveloppée de mots et de peau, j’ai le ventre rond qui ne connaît pas encore sa naissance. En soi, c’est une expérience intime de visibilité et d’invisibilité, toute une texture d’une trame à l’autre qu’il faut arpenter. 

Dehors, dans les plis du monde, les arbres ont revêtu leurs robes à motifs et au son de la nature, ils nouent des gestes à leur centre de gravité. C’est la beauté des mouvements dansés. Je sens la vie s’entrelacer aux fibres d’un dehors et d’un dedans que le temps veut réunir. Voilà le seuil d’un spectacle vertigineux et je cherche l’odeur des tissus dans la respiration des arbres. Voici aussi l’errance de mon pas derrière des phrases décousues. 

Il y a des formes improvisées, incolores, infinies et toutes les formes sont des rêves. Il y a ce lien aux lieux, précis et mobiles. Je passe dans les bras des arbres d’où tombent les mots et leurs fleurs. Je traverse cette couverture de sens et d’images, je passe le fil dans les failles des murs, je touche les empreintes du temps. Et de la joie et de l’inconnaissable, j’enroule les mouvements, je dénoue la chute des fleurs, j’arrive enfin à l’origine du corps naissant, aux lianes et la vie que mes mains ont écrites. 


L’eau coule, j’entends un filet d’eau parcourir ma vie. 




                                                                        K.DPortails
                                                                        Recherche création [Roubaix - 2024/2025]





lundi 14 juillet 2025

La relation, c'est écrit sur le fil, sur le film

 Ici, le sens du mot « relation » doit être entendu au sens littéral, non comme une connexion entre des entités pré-localisées mais comme un passage tracé dans le territoire de l'expérience vécue. Au lieu de raccorder des points à l'intérieur d'un réseau, chaque relation est une ligne dans un maillage de pistes entrecroisées. Raconter une histoire, c'est établir des relations entre des évènements passés, en retraçant un chemin dans le monde. C'est un chemin que les autres peuvent suivre en reprenant les fils des vies passées et en faisant défiler le leur. Mais comme dans la technique des boucles et du tricot, le fil qu'on déroule et le fil qu'on reprend font tous deux partie de la même fibre. 


   _ Tim INGOLD, Une brève histoire des lignes
     [Chapitre III, Connecter, traverser, longer  p.119/120]
        Trad. de l'anglais par Sophie Renaut
          Éditions Zones Sensibles
Pactum serva


Portails | recherche création 
écriture collective avec Elodie REQUILLART et des habitantes
extrait de la scénographie

film documentaire poétique franco-arabe
réalisé par Quentin OBAROWSKI 

projection débat - 12 juillet 2025
[La Condition Publique - Roubaix] 



samedi 5 juillet 2025

La lymphe dérive du plasma

 


                totalement sensible, dans le vacarme des doutes, les secousses
                maintenant, je vois la fin de la nuit monter autour de ma main
                elle s'enroule à une seule, véritable et totale dépossession
                elle monte et vient lentement caresser l'éclat d'une veine
                la nature aventureuse et liquide de la rencontre




plasma | illustration une image vivante
[Roubaix - juillet 2025] 



dimanche 29 juin 2025

La fleur fantôme

                                                               une odeur à l'invisible


Où qu'il aille il écoute l'attente
il se tord s'entrelace aux jambes nues
il griffe avec une sauvagerie silencieuse
quelque chose le bouleverse et moi aussi
en vérité il se referme contre mon être
il est un jardin corollé de nuit 

par intermittence
il cherche l'émerveillement
les yeux bleus sous la langue
les facettes des apparences
le désir d'être le premier
rêve de chute d'eau

je le regarde se contracter se transformer
il est tout couvert de trous et d'habitudes
des anneaux de lumière languissants
la brûlure est proche


il visite les profondeurs
entier fini avec les mots
la jouissance sans fruit
sur le fil à midi à minuit
en heures creuses

comme des petites exaltations

il soupire
chaque jour
se terre aussi
son visage dans 
les tourments de l'âme

au fond du rêve
la marche brune
si fragile si obscure
dans une chaleur ivre 
il cherche le lit de la rivière


le jasmin est en fleur



mardi 24 juin 2025

La cale

                                                        l'éclat remonte à lui-même


                                elle a essayé de quitter une nature vive
                                le soleil rouge beaucoup trop rouge
                                un long et long chemin corporel

                                du volcan sourd
                                qui voit les lueurs
                                elle a éteint
                                des signes
                                à petit feu

                                les douces chimères

                                sans savoir miroiter elle a réfléchi les sens
                                contre le mur ruisselant entre ses seins  
                                — tout vibre de soi comme ça comme un paysage
 
                               elle a essayé plusieurs fois de descendre la côte
                               dans une atmosphère délirante le ciel lourd 

                               il n'y a pourtant pas à contredire rien à faire 
                               au salut de l'aube les mots ont décliné

                               sur la bordure du silence
                               les bras ouverts en contrepoids
                               elle a consolé la peau d'une langue
                               et elle a compris la conviction d'une voix



dimanche 15 juin 2025

L'aveuglement volontaire


                                                               poème sans nécessité

                                             

                                             les pulsations
                                             parfois la conscience secrète
                                             écrire pour faire tomber le temps
                                             comme l'averse ou la cascade - vite
                                             comme l'animal pour sauver sa peau 
                                             et chanter sans entendre ses griffes
                                             le sentiment trempé de lumière 
                                              


samedi 31 mai 2025

Un mélange d'eau et de sang

                                                         embrun plutôt que parfum


je vous écris du frémissement — j'ose penser que vous ne pourrez pas comprendre —  ici la poésie est écorchée vive  / j'écris peut-être sans lendemain / la langue perforée l'horizon coupé / un vertige et soudainement le verbe en nage / je ferme les yeux pour délimiter ma vision / de vous qui me lisez / de l'indifférence apparente des alentours / un fantasme veut pénétrer mes paupières / il fait doux la préhension est douce mais la douceur est incompréhensible / après des nuits d'éblouissement les ombres découvrent l'éclairage / le concert vibratoire dans les yeux / les traits saillants d'une terre mêlée de mer / une bouche révolutionnaire / lire le silence tombé avec vous / une fragilité quoique inévitable fontaine entre les doigts j'écoute son écoulement 




samedi 24 mai 2025

Cela arrive et se perd au fond


                                                                                béguinage

                                        — oui, j'ai été aimée et peut-être pas
                                        le passé se décompose à la lueur du doute
                                        forme incertaine de l'incertitude 


                                        la raison cuivrée au fond du corps
                                        les soirs où la pénombre s'enflamme

                                        — oui, j'ai invité l'éclair des enfers
                                        tout cet espace de prières incandescentes 
                                        du fond de l'envie interdite et sonore
                                        que nul dieu possède

                                        j'ai imaginé loin
                                        la vie en pente douce
                                        le chant étrange des noms
                                        même au fond de l'âme
                                        l'espoir irradie

                                        une langue inconnue
                                        j'ai vite touché le fond
                                        la brûlure la mort les cendres
                                        les feux toujours rouges
                                        les yeux toujours verts
                                        j'ai traversé

                                        jusqu'à l'étonnement 
                                        j'ai prononcé des phrases
                                        les mains posées comme sourdes
                                        dans la magie de l'intensité

                                        — oui, j'ai appelé
                                        le milieu de la nuit
                                        tendant penchant
                                        et bouge la bouche
                                        mon soupirail !



samedi 17 mai 2025

Querelle de mots

                                                                         position du sol

l'odeur du livre est bouleversante / il est un goût de lumière acide ou d'aurore encolérée par le reflux des lettres / c'est aussi plein d'ombres chaudes que la langue passionne  / le texte pousse des petits cris à l'intérieur de la nuit / il faut traverser la gorge du verbe — un beau jour trouver le repaire le gouffre du coeur / la voix des ellipses fouille les ruines de la bouche / entre les plis tout ce qui parle de friction en silence / on s'efforce de faire tomber le sel de la salive / on ouvre le rêve à l'orage qui attend sa révélation / pleurer est une liberté et un geste d'art / de là les lames blanches les ondes fébriles d'une chambre noire / les images se disputent la sensibilité du temps la vérité vraie la vérité vivante / glisse la tentation terrible des mots d'explication / mais de notre entente à l'invisible le sens profond de la langue / les mots cherchent les éclaircissements leur essence l'autorité le prestige la biologie charnelle / qu'ils aillent se faire foutre ! ... l'affection est immuable  



vendredi 9 mai 2025

Lettre au doigt et à l'oeil

la vie a été vive / par delà la mort les artistes ne sont plus / sans langage sans monde infini / j'ai foulé ma peau le papier et je vous ai emmenés avec moi / vous les sentiments désobéissants / et vous qui avez la lettre errante je vous aime / je n'ai pas écrit votre naissance / les ciels de la musique m'ont accouchée / je suis nue comme une émotion / je vous écris démeublée / ce n'est pas extraordinaire la parole s'échappe d'une fierté excessive / elle est la tension entre mes narines et mes lèvres / je sens fort ce que je suis en train de vous dire / tout mon corps est empli de pièces / leur invisibilité est l'oeil unique de ma peau / elle voit le graphe de la volupté / ne craignez pas le circuit d'une lettre à l'égard du verbe / c'est vous lire c'est désirer / sans abandon sans possession / du lieu du lit j'apprends le silence des cascades innocentes / il me sourit et m'imprègne / touchez-moi au-dedans de l'inévitable / au-devant des formes d'écriture / la beauté du clignement de l'oeil / l'éternité sensorielle / sommes-nous proches lune et soleil ?          




samedi 3 mai 2025

Entendre c'est sentir


il y a une origine dans ce qui s'entend
au delà de soi entendre entend à dire
je ne sais pas ce que tu entends 


                                                                                   the birds

                                     l'air était doux
                                     il venait d'une gigantesque persistance
                                     de la mémoire j'étais l'intervalle
                                     entre la fascinée et l'effrayante
                                     l'âme qu'il faut être, qui est plus encore
                                     la liane mystique dans la maison de l'eau 
                                     tous les mots dits et leur long filet
                                     et sous des songes nus
                                     l'incommunicable

je cherchais avec mes mains
la force d'un détachement 
tous mes doigts dessaisissant l'évidence
je n'étais rien à l'égard d'une étreinte
de retour ici, à soi, à l'autre musique
ce revenir où le corps souffle source
délivre des petites saccades d'affinités

                                    il y a l'intensité indéniable
                                    et jouer avec le feu est jouer avec la langue
                                    dans ma peau je portais des photos exaltées
                                    d'une écriture léchée jusqu'à la moindre goutte
                                    j'étais une simple vérité, inexplicable 
                                    ne pas faire de bruit, ne plus parler
                                    ne pas venir d'un même monde



dimanche 27 avril 2025

Je fends l'eau de mon corps






d'une sensibilité nerveuse | illustration résille
[Roubaix - avril 2025] 



jeudi 10 avril 2025

Une douce clameur

à qui écrire ...
une nouvelle, un poème
― est-ce toi ?

je n'ai pas le nom terrible
j'ai le sang venu d'un lieu innommé
je sors de ma mère qui ne connait pas la provenance
de l'éclair de la joie et ses baisers, je me répète
de toutes les aubes, j'ai vu l'aube
il a fait noir et ailleurs il fait l'origine 
enlacée à la nuit, la nuit enlacée à l'histoire
ni bien ni mal de ce qui exulte de la nature
à qui dire que je ne peux feindre de ma peau ? 
et ma trace un temps d'arrêt dans le miroir
je veux céder une place pleine de monde
un tas de papier encastré entre mes jambes
et mes mains teintées et parfumées de vie 
qu'un être soigne l'air qui m'assaille
j'ai essayé de l'exprimer 
mais à qui ― à toi ? 



dimanche 6 avril 2025

Ta robe noire

                                                              le souffle de l'histoire


je te vois pour la première fois
la nuit éclaire les maisons étrangères
dans la chair du paysage où nous sommes
c'est l'immédiat freinant sa course
tu es l'appel mêlé à notre destin
je te vois tentant et attirant au-delà du ciel
il y a longtemps que la vie a commencé

tu reconnais mes pas parfois feutrés
le relief de mes gestes jonchant la quiétude
mais suis-je capable d'être légère ?
nous sommes toujours si près de l'abîme

le velouté brillant de tes pupilles
l'organe de la passion incoercible
je m'endors dans ton imagination
la berceuse de ton ronronnement
découvre la colère de l'enfance
sans le savoir je suis la robe
qui voit le jour dans tes yeux
c'est la vérité féline textile
des mots simples



samedi 5 avril 2025

Lire du premier regard


    une opinion publique | collage 
                                                                                                                 [Roubaix - avril 2025] 


jeudi 3 avril 2025

Qu'est-ce que les larmes ?

                                                           une intuition déroutante


le corps connaît
tu entends la respiration des amitiés sauvages
les ondes d'un sens exact et affluent
ton prénom d'émotion se lit à haute voix
j'embrasse tes yeux baissés au bout du poème
cette invocation étincelle de l'autre monde 
voilà des petits jets de salive et de feu jusqu'à tes filaments
soupirs pressés les silences se cognent à la dentelle
des mots réfugiés dans ta gorge ta poitrine
je m'enveloppe de ces entrelacs clairs
où dire et s'enfouir et songer ?


samedi 29 mars 2025

Le balcon de Luisa Maria

                                                                    je devine

je vais te dire une histoire
avec des mots évanouis des yeux
[]
un certain soir faufilé entre le jour et la foule
une brune rejoint un chat nu prénommé étranger
elle sort d'une chambre mélodique fauve
repaire imprégné des teintes primitives
un dedans d'une obscurité protectrice
un dehors à la hauteur de la nuit
la ville est tracée dans son corps
elle, c'est Luisa Maria
la volonté entêtée
[]
le chat a l'iris des arpenteurs
la chaleur de la langue et la bonté
du papier journal les caractères en saillie
sa bouche sensible comme un balcon
porte l'esprit que la mâchoire édite
le souffle unique et intraitable
[]
toutes les lumières de la ville sont éteintes
reste à l'intérieur le regard humide 
il y a un manifeste fabuleux
entre l'iris et le balcon 
est-ce que tu le vois ?

                                                                             à son image

                                                                      l'autre incertitude

                                                                             chambre 305

carnet
Illustrations / photographies 
― 
Paris, mars 2025



dimanche 23 mars 2025

La peau du fruit

                                                                        la considération

l'histoire commence par ces délices pressentis
une main qui touche au sourire tranquille
des yeux buvant la nuit avec curiosité 
une voie instinctive qui quitte ses errements
et l'innocence du mot étrange dans sa divagation

derrière ce paysage humide le temps est révolu
quoiqu'il n'y a rien qui finisse au monde 
ni ne commence sans règles charnelles

l'histoire est une femme
que la nature invente à la folie
la tentation entre ses mains grenade 
mille murmures jusqu'au trouble extrême

                                                        
                                                                    comme une griffe
                                            

― et que dit le monde ? 

il n'y a pas de nuit croissante sans un ciel mûr

par le courant de sa peau tout en pente douce
elle tombe le sourire encore teinté d'un fruit
du désir pour ne pas presser sa propre pensée
avec un espoir inconscient de tomber en soi-même
elle passe des heures à dévisager son propre visage 

l'histoire vient la trouver amoureuse de l'ombre
et d'une chair où s'exprimer



                                                                 de l'eau de l'intérieur


carnet
photographies
― 
Bruxelles, mars 2025



mardi 18 mars 2025

Revolution is POETRY : Song for Tussy

 

By the time your life is finished, you will habe learned
just enough to begin it well

         _ Eleanor Marx


                                                          descriptive or reflective


Song for Tussy 

We choose to love you as a poet
for in poetry we find no preconceptions

We choose to love you from our century
for in our century you are made whole

We choose to love you as the moon peaks
for in the moon we all find amity

We choose to love you as a virtuoso
for in the violin we all find music for a while


Song for Tussy II

We choose to love you like a Francophile
parce que le français est la langue de l'amour
[Because French is the language of love]

We choose to love you like a child
parce que dans l'enfance nous sommes tous des tourterelles
[Because in childhood we are all turtledoves]

We choose to love you like a sun rise
parce que dans son éclat nous sommes tous sans ombre
[Because in the sunlight we are all without shadow]

We choose to love you like a Petroleuse
parce que dans la Commune on trouve tous du coeur
[Because in the Commune we all find heart]


Song of Tussy III

We choose to love you in your reticence
for any shyness only belies your rebel spirit

We choose to love you in your poverty
for the burden shared is a burden halved

We choose to love you as our equal
for any parity must first begin at home

We choose to love you for your ideals
for none have fought our Cause like you


                                      _ Mark A. Murphy, The Ruin of Eleanor Marx 
                                                                          MOLOKO PRINT 158 | 2022

                                                                 

                                                        chance and grenat



mercredi 12 mars 2025

Le pli sensible


... on ne peut pas savoir où finit le sensible, et où commence l'intelligible : 
ce qui est une nouvelle manière de dire 
qu'il n'y a pas deux mondes. 


        _ Gilles Deleuze, Le Pli
              Leibniz et le Baroque 


                                                          multiple vulnérable

                                         quelle condition portes-tu ― dis-moi 
                                         est-ce un lent sommeil qui n'est pas le tien 
                                         dans l'effacement de ta chute ?

                                         regarde comment danse la vague 
                                         elle murmure les poussières déplacées
                                         des tourbillons inséparables et les causes 
                                         de ta liberté - ta grâce - la force subtile
                                         tu résistes aux veines de marbre

                                         dans l'infinité qui va du corps
                                         il y a la vie et ta correspondance
                                         l'ellipse - l'impulsion - ton bassin
                                         écoute... il faut s'ébattre de tout

                                         telle est la condition
                                         jusqu'au jour où ton âme dira 
                                         — je suis le pli de ta bouche
                                         — je suis l'enveloppante