dimanche 23 novembre 2025

Cheminée

 

je ne sais plus ce qui inspira ce dessin et pourquoi je le retrouve aujourd'hui. Il est peut-être la page ouverte sur un poème qui se dérobe, le temps découpé d'une image, plongé en moi-même. Par l'annotation derrière le canson jauni je peux seulement revoir, le verbe du rêve lorsque j'avais quatorze ans. 
Comme l'orfèvre cisèle un métal résistant, novembre attise la passion et ce mois est bercé par le clapotis d'une rivière.


Claude Szymczak est mort le 11 novembre 2019 à Labeaume, commune pittoresque au paysage accidenté de l'Ardèche. Je le découvre aussi aujourd'hui avec une chaude émotion, cette apparition inopinée est empreinte de caractères. C'était un poète, peintre et mon professeur d'arts plastiques au collège André Malraux à Lambres-lez-Douai, ville passerelle entre lui et mon père. Claude avait une voix que l'on n'oublie pas, féroce, particulièrement grave et gravée d'un tourbillon de grains colorés aussi hirsutes que noires, étaient sa chevelure et sa barbe. Dans la classe de quatrième et de troisième, les élèves ignoraient l'espoir que portait cet homme, souvent ébranlé par leur chahut sauvage. C'est par lui et avec lui que j'ai eu la trempe de peindre à l'huile et être son invitée pour une première exposition. Il y a une géographie et une lente éclosion de sens, en moi.



Les terres ont disparu avec l'âge et l'alchimiste du feu.
Je n'ai pas peint depuis que les mots m'ont brûlée vive.
Paraboles du poète à corps et pour toujours


carnet / photographies : le carton à dessin 
 Roubaix, 23 novembre 2025


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