je suis la faille
la force par le cri du désir
je suis vulnérable à l'intuition
souvent
le nez appelle mes lèvres
le nez appelle mes lèvres
une musique inconnue émane du sol
rien ne tient à rien et en ombre dresséeje bois la vie jusqu'à la lie
à la place |
derrière la paroi fragile
des yeux immenses m'observent
ils me pénètrent par des éclats de prières
mais l'un après l'autre je les expulse
des yeux immenses m'observent
ils me pénètrent par des éclats de prières
mais l'un après l'autre je les expulse
quelque part dans un commencement
il reste le corps dans l'autre corps
la faiblesse liée de leurs sens
la faiblesse liée de leurs sens
que tout en moi délivre
la nuit aspire
dans le noir
un jasmin étoilé s'expose
un jasmin étoilé s'expose
céleste et volubile comme le mensonge
à son parfum l'on peut lire le piège des mots
il console de la dureté du vide
il console de la dureté du vide
je suis seule
dans la pièce écrite
comme la fleur grimpante
je persiste au désordre
je persiste au désordre
la ligne blanche |
je suis celle qui aimait la nuit
je suis la bouche souterraine
▫
Il faut apprendre à écrire avec des mots gorgés de silence.
_ Edmond Jabès, Je bâtis ma demeure
[poèmes 1943-1957]