je quitte le temps, les images mouvantes de ce temps
le corps exclu, tranchant retranché du souvenir, j'entre en profondeur
presque inatteignable dans l'intimité vivante de ma disparition
ouverte et secrète sur la douleur médiane, le regard indivisé
j'aime la pointe impatiente que je sens non loin
l'écrit prend l'aiguille dans ma bouche
il fait saliver le grain de ma peau
le bruit est réel - sauvage
moïra - autoportrait |
dans une parcelle de pensées, je remue
là, en moi-même à tremper les battements de ma langue
une fine membrane du ventre se détache de « nous »
« nous » qui s'écoule du temps et de l'amour gardé
la pulsation de mon corps est irréversible
qu'y a-t-il encore à accorder au rythme interdit ?
la question me regarde et me soulève
le doute embrassé, je fais boire l'étoffe de ma bouche
silence peuplé de signes que le désir me rappelle la nuit
au fond, quelle sublime tragédie d'être dans l'eau !