c'est la nudité du son dans mon corps
et ce parfum : qu'est-ce que l'âme d'une langue ?
— puis-je encore sentir la vérité de son verbe ?
tout dire tout entendre de l'authenticité d'être
la perception trompée les sentiments obstinés
l'intensité est sans espoir commun / le seul cri
la gorge en rigole sans la soif d'une chose vague
ne pas savoir trahir la source / ne rien prouver
la joie pure de flotter en haute mer
j'aime les voix incarnées
aussi
je suis sourde
imperméable
mal voyante
inatteignable
aux discours
aux orgueils
aux artifices
multicolores
derrière les culottes baissées
le trompe-l'oeil les pourparlers
les mille facettes éblouissantes
tout ce qui parle — parle s'éclate retombe
s'étale vulgairement la bouche pleine de convoitise
mais seules des pieuvres ouvertes dans des flaques
un long enchaînement à leur mise en scène
leurs jets d'imposture et les éclaboussures
faire de soi un ersatz d'art entoilé
ce triste monde qui les regarde
les lèvres sèches en éloge
dans la mare miroir
aussi
la respiration mystérieuse
les figures libres de ma poitrine
dans le noir subtil je déconstruis
c'est la nudité du son dans mon corps
plus exaltante que la parole informe