Soudain au ventre
le tambour du feu
mêle son air centaure
à la crudité de ton auge d'eau
candi sur la douce du thorax
— je me hâte de rentrer - la nuit
provoque la notion de la lampe
en rigole sur l'affleurement
des pas montés au coeur
tournure chevrotante
..., restes en selle !
dimanche 24 décembre 2017
Trille frugal
mercredi 20 décembre 2017
Le vivant Éros énergunème / antre de la Sibylle
Un ange coupé en deux par un coup de canon,
et dont les deux parties se rejoignent incontinent.
Voltaire
◊
Depuis leur histoire, je vois ces forces
Élire peu à peu une réalité où nous devons
Entrer. Cette forme désormais dans le champ
Dont je le reproche de grignoter le monument
Fais-lui assaut, ou dans quels domaines
Se pourrait-il qu'une nuit je la visse passer
Même ( comme elle l'évoquait un soir ) vêtue
De deux ou trois choses saines et peu coûteuses
De moi, séparée de moi, gouffre par coeur/
Pendant 6 mois mais d'abord une semaine
La plus grande partie de ce qu'elle a d'étroit
Est une mauvaise pitance à casser par le milieu
Encore qu'elle soit toujours prise sous le
Calque de son parfum, encore que ce soit elle
Qui me dise d'éteindre ou d'allumer/
_ Denis Roche, Éros énergunème
suivi du poème du 29 avril 62
Poèmes, Collection " Tel Quel"
[Éditions Du Seuil]
toi ma reprise en spirale et l'exception
tu ne connais pas le terme, ce n'est que le début !
vendredi 15 décembre 2017
Première scène
Le bruit des lettres vient délicatement s'échouer sur la baie et la baie est formelle, le souvenir d'une eau durable a une consistance indissoluble. Première femme porteuse d'ondes ou femme née des contractions du temps, il y a toujours une ombre qui fait tanguer la certitude. Le bruit recommence. Il est incessant et il est la maturité. Il filtre goutte à goutte, point par point, une encre diatomée que ses propres réflexes enserrent. Première instance d'après la nuit songeuse sous la lie, premier enlèvement de mots sur un amour.
dimanche 10 décembre 2017
( D'où s'animent ) les collines
Coupe du contrefort
— poésie faucheuse-lieuse — eux
bluet amoureux ( l'allitération aussi courte s'en revêt )
et soulève les langues arborescentes talus de tête
écoute encore la brindille drainée du jeu
perpétuel souffle ou comme nous
ce culminant d'eux-d'âme
dimanche 3 décembre 2017
vendredi 24 novembre 2017
Cavale sur la terrasse
Hisser la coulisse.Il n'y a aucune autre panacée plus incisive que notre permanence d'amour. Forme trépidante quand nos cahiers se chargent de rayures profondes, et quand l'indicible au-dedans stimule le don. L'un à l'autre est le courant, des tours unis sur les pointes, — je ne sais pas écrire autrement cette vision — , un lieu intérieur à quatre facettes deux mains une animalité. Les ombres décrivent une histoire, belle figure cabrée d'obstacles dans le sens unique du déroulement. (...) J'entends les paupières de la première fois. Si les lettres de notre allure devenaient fugitives, alors nous chevaucherions l'étant-là comme des messagers ravis. Et nous nous attendrions. Silence la patience. Tranquillement qui sait.
lundi 20 novembre 2017
La masse de l'étoile ( Anvers )
par nos griffes une voie piquée dans le ventre
distance lumineuse mais aussi grandeur précise
cette équation sensuelle dans l'amplitude
samedi 18 novembre 2017
Entrebâillure
Sois, la femme d'une vie
dans un éclat de roche
c'est elle ta langueur dans le miroir
fracas d'amour entre les raies
et la nappe concave autographique
gravure embuée puis porte polie
en toi ou parce qu'en elle
par fières vicissitudes
vous serpentez le manque
du jeu d'hiver entre faits menus
la disposition arrière des larmes
une tendance converse au retour
— ne vois pas de mise en scène
c'est un recommencement en hélice
sous la tenture pleine mais dévorante
de ton double manteau d'encre
rien ne prend à l'amour
le chevron infusoire
des uniformes chavirés
dimanche 12 novembre 2017
Le portant clair de novembre ( et le mythe de Barthes )
novembre, MMM #3 Bruxelles |
Le message est épais, ma source est astringente,
je suis entrée par le désir clé du langage
◊
_ Roland Barthes, Mythologies
Qu'est-ce qu'un mythe, aujourd'hui ? Je donnerai tout de suite une première réponse très simple, qui s'accorde parfaitement avec l'étymologie : le mythe est une parole . (...) On m'objectera mille autres sens du mot mythe. Mais j'ai cherché à définir des choses, non des mots.
[Le mythe, aujourd'hui]
mercredi 8 novembre 2017
Au bout du quai (K.)
Jour truand jour non réfléchi
retrouvailles ponctuées.
Jour en mon entreprise
ascenseur dans ta voix.
Jour et nuit glissant
loi non sanglée.
Jour fendu dans le col
là je me niche.
Jour qu'il faut toucher
rivière mon bassin.
Jour non calculé
de notre origine.
Jour poudre sans fard
manchette ouverte
hauts nus les êtres
la passante.
Jour sortie.
mercredi 1 novembre 2017
Imparfait ou rauque if
Le vent dictait son oracle
des portées branlantes
sur la double cime
moire belladone
il se répétait
il touchait
le vestige
encore une secousse aux yeux
et la sente de la faiblesse au rêve
pour concourir au même souffle
mercredi 18 octobre 2017
Le frottis court ( en tête )
Les deux mains senties contre le visage
plus qu'une suite enveloppante appelés nous
autres nous - différents
la vision parlée du tact
j'ouvre enfin le corps des parenthèses
samedi 14 octobre 2017
Muurwerk, la lune éclaire ruelle de l'aurore
Réalisation : Wolfgang Kolb
Chorégraphie / interprétation : Roxane Huilmand
Film : Philip Maendly
Son : Ricardo Castro
Musique : Walter Hus
[Belgique / Pays-Bas]
La parole est une hystérie
qui relève de la frustration
qui par ailleurs la compense.
Vous êtes si loin.
_ Sophie Podolski,
Le pays où tout est permis
[Belfond, 1973]
vendredi 6 octobre 2017
Guipure
Elle était un rideau en rouleau dense sur le mur
j'ai longtemps cherché comment dégrafer son corset
une par une les croches noires sur le fourreau
sa carnation ne finissait plus son soulèvement
les cartes satins étaient figées dans le corridor
et les balcons à lourde échelle sifflaient
l'épouvante
femme séquence
mais quand ses bras ont loué les vaisseaux
les pavots d'orient ont envahi son corps
elle invoque le parcours
j'invoque la sève des plaies
la rame couveuse de passion
des images mises en pièces sur mes failles
des espaces abreuvés par nos flots
désordonnés courants
un air de nuit caressée
plus d'attelle
mercredi 27 septembre 2017
Papillons de nuit : il vit l'absence, je vis la sienne
il vit l'absence, je vis la sienne
◊
zwei liebende Motten zusammen
handtellergroß vier entfächerte
Fächer schwarz und grau
mit gelben Punkten sie fallen
schwarz herunter von Decke zu Decke
fallen ohne sich zu trennen
au plafond de ma chambre accolées
deux phalènes amantes
grandes comme une paume quatre vantaux
d'éventails noirs et gris
avec des points jaunes elles tombent
noires de plafond en plafond
tombent sans se désunir
_ Helga M. Novak
Nachtfalter/papillons de nuit,
extrait du recueil Wo ich jetzt bin, in Chaque pierre orpheline,
traduction de l'allemand par Élisabeth Willenz.
[Éditions Hochroth, Paris, anthologie bilingue conçue par D. Kraus, 2013]
lundi 25 septembre 2017
La boucle en bouche
Ils se nantiront alors
du regard passé sur la bouche
un premier temps pour l'aveu
et puis un regard débutant
elle portera l'ébauche
— défilée du trousseau
maestria des voies maçonnes
une posture à manquer la parade
il trouvera l'expérience interminable
et il voudra ardemment la lire
décachetée — défaisant
la cause nappée sur leur langue
beau est ce qui ne se gagne pas ni se perd
— insatiablement elle nourrira le jeu
et comme les vivaces
au calice ou douce-amère
soulevant des origines labiées
ils embrasseront en boucle la laize
vendredi 22 septembre 2017
Tout pli vient d'un pli, plica ex plica ‖ Merci pour les femmes étreintes
Merci pour les femmes étreintes |
Se divisant sans cesse, les parties de la matière forment de petits tourbillons dans un tourbillon, et dans ceux-ci d'autres encore plus petits, et d'autres encore dans les intervalles concaves des tourbillons qui se touchent. La matière présente donc une texture infiniment poreuse, spongieuse ou caverneuse sans vide, toujours une caverne dans la caverne : chaque corps, si petit soit-il contient un monde, en tant qu'il est troué de passages irréguliers, environné et pénétré par un fluide de plus en plus subtil, l'ensemble de l'univers était semblable à " un étang de matière dans lequel il y a des différents flots et ondes ".
_ Gilles Deleuze, Le pli - Leibniz et le baroque
[Les Éditions de Minuit]
samedi 16 septembre 2017
Clignement
Maintenant la trame recouvre le plateau
du plat imaginaire jusqu'aux lèvres passées
une gorge cligne son premier amour
The Hollow Men ( Erasures and Displacements )
V
(...)
Between the conception
And the creation
Between the emotion
And the response
Falls the Shadow
Life is very long
Between the desire
And the spasm
Between the potency
And the existence
Between the essence
And the descent
Falls the Shadow
(...)
_ T.S Eliot, The Hollow Men
[Selected Poems]
mercredi 6 septembre 2017
Rosat
Je prends le temps d'affiner le mur des chairs, c'est la sensibilité inimaginable de m'entendre mieux. J'écris l'unisson à la première personne, ce qui se cisèle dans le sens des accords. Les falbalas désincarnés n'ont rien à voir ici, je me parle vers toi transformée en une végétation harmonique et lacustre dans un sablier et tu m'entends-là mieux. Un instant balsamique et odorant que j'aimerai dire pour le détroit invisible de nos génies impétueux.
lundi 4 septembre 2017
vendredi 1 septembre 2017
L'armature
il me manque
la texture entre les plis
le premier trait considérable
le geste initial qu'ont les organes
à faire souplement le noeud
dimension démaillée
samedi 26 août 2017
Tarlatane
L'arme est belle
la terrasse perd ses fleurs
filaments dénudés dans le fond
comme le dernier arrêt - la descente
poudre l'horizon ou le vers libre !
( je m'entends dire le trouble )
Elle est éclatante
et elle parsème le corps
ô semis de nacre de réalité
la nuit s'est entendue sans qu'elle lise
la mort intacte de tout son être (...)
L'original ne se dérobe pas.
Dans un soupir lunaire
comme l'éclipse d'une filature
les éclaircis fument le sens caché
les ombres partent avec les griffes
sens ce qui t'est pli dans l'air !
— c'est un vacarme visible
sur des toiles ouvertes.
mercredi 23 août 2017
jeudi 10 août 2017
Winterreise (écho au joyau à Mehringdamm)
Mehringdamm
synchrones dans les paroles des allées
mon bijou n'est pas un bijou
◊
Les uns déclinent tout ordre, les autres ordonnent. Cet ordre ne faisait état de rien, ni de son origine ni de sa visée. Seuls les papiers font état d'identité, de cet état on n'expulse personne, il ne manquerait plus que ça. Nous ne sommes pas envieux du bonheur des autres. Nous remplissons des ordres, faisons état d'ordonnances, ordres d'interner ceux qui devraient en réalité être expulsés. Nos sifflets conspuent même le pauvre réfugié. Et ça ne suffit pas. Le vent joue à se tripoter, le vent veut aussi s'amuser, il vient, il jouit !,ça lui vient, ça gémit, ça gémit. Quelque chose cliquette par ici. On pare la mariée. Comprenez-vous ce que ça signifie, on pare la mariée ?, pour qu'elle semble plus riche et que quelqu'un lui plante une enseigne, je veux dire, quelqu'un lui implante la vérité ? Mais derrière la vérité se planque toujours quelqu'un, derrière la vérité se cache toujours une tête bien faite qui au bon moment la retient.
_ Elfriede Jelinek, Winterreise,
Traduit de l'allemand (Autriche) par Sophie Andrée Herr
[Éditions du Seuil]
samedi 5 août 2017
Loupe de perle
Une perle pleine tombe
sa soif d'hier caresse le macadam
ainsi la sensation tue le besoin
dans sa bouche grenat acide
jeudi 3 août 2017
Viel zu erzählen
Et déjà le manteau roule sur le corps
c'est comme ça que les fibres se pelotent
au retour lent d'une carte maculée d'infimes
les impressions cardées n'ont pas de forme
c'est comme aussi écrire le poème
tout de liquide - chronique éclaboussante
au tout qu'il faudrait habilement broder
des embruns de miroir
du conte mirifique
étirer la litote
vendredi 28 juillet 2017
jeudi 20 juillet 2017
lundi 17 juillet 2017
Le justaucorps
La lettre est pliée
une ellipse peut être
virevolte au déploiement
elle : induit deux caractères
le regain pour l'astre parlant
l'élévation les yeux ouverts
dimanche 9 juillet 2017
Louve basse : l'infime nuance
... je t'ai déclaré l'infime nuance bien vivante
◊
C'est un brillant venteux matin à demi-lune bleu-de-Chine dans le ciel et Ariane dormant s'abandonne délicatement au sommeil, étendue sur le lin, et des amours ailés veillant autour d'elle ( " Le chemin qui mène de l'éthique à la politique est parsemé de cadavres " ). On devine le silence du paysage fabuleux : l'île de Naxos, l'exotisme théâtral d'un sphinx de pierre et des constructions qui servent de fond. Une nature minutieuse et recherchée, faite de touffes, de feuillages, de cystes, d'autres buissons épineux, accentue encore l'impression désastreuse de la scène. Tout ce qui décore les murs est placé à la hauteur des spectateurs, l'espace semblant ainsi se dilater au-delà des arcades et des colonnes, donnant l'illusion d'un horizon lointain et clair dominé par des galeries, des arcs de triomphe et des pyramides. Une lubie de masse, à quoi nous mène ce boulot plus la vue plongeante, depuis la pièce où j'écris, sur le jardin de l'Institut des sourds-muets.
Gombrowicz :
" Lui avec une jambe nue et elle avec une jambe nue. "
et plus loin :
" ... ignoriez-vous ce détail de ma biographie ? "
Ecrivains engagés, avec vos dos ocellés, la photo vous départagera.
Comme les " yeux " sur le bouillon.
_ Denis Roche, Louve basse
[Éditions du Seuil]
lundi 3 juillet 2017
dimanche 25 juin 2017
Rafale
Un papillon se tient à mon âme
des lettres drues et des silences
en suspension.
Le col de ses lèvres dans la cadence
épelle un signe et s'en retourne
flore-fière-fileuse générosité
‒ un vent puissant me gifle
lundi 19 juin 2017
Life, life : And This I Dreamt, and This I Dream
Ryuichi Sakamoto, Life, life
Poem : Arseny Tarkovsky
Voice : David Sylvian
[Album : async, 2017]
And this I dreamt, and this I dream,
And some time this I will dream again,
And all will be repeated, all be re-embodied,
You will dream everything I have seen in dream.
To one side from ourselves, to one side from the world
Waves follows wave to break on the shore,
On each wave is a star, a person, a bird,
Dreams, reality, death - on wave after wave.
No need for a date : I was, I am, and I will be,
Life is a wonder of wonders, and to wonder
I dedicate myself, on my knees, like an orphan,
Alone - among mirrors - fenced in by reflections :
Cities and seas, iridescent, intensified.
A mother in tears takes a child on her lap.
_ Arseny Tarkovsky
From : Life, life. 1965
dimanche 18 juin 2017
L'attente l'oubli ( expression de biais )
Feu tubulaire
Les platanes tombent le fuseau fumant de leur robe
odeur cuite du départ, des braises désarticulées du désir.
Et la tendresse ? demande le plus haut des bancs
― réfugiée ( par morceaux ) dans le jardin des plantes
étrange captive à je ne sais plus, les jambes sagaces.
L'attente flanelle vit toujours dans l'ombre
ultime place - étrange soulèvement
qu'aucun feu olympien ne brûle
à plus encore dans le tréfonds.
dimanche 11 juin 2017
Vélum ou être
Être à l'intérieur du tout
y être là sans attente lente
ventricule rosée, ardeur et prélude
sur la dure-mère du rebord.
(virage par-devers soi)
Les battements sont innés
les longs échos sont indicibles
une touche transversale au charbon
et l'incandescence fendille le doigt.
Être la roche physique
née d'une première syllabe
perçue par le premier homme
au retour cendré d'après sismique.
vendredi 2 juin 2017
Imago à l'ultra-violet ( réactivité )
Tourment levé
projection sur son échine
domaine de l'affect en masse de conscience
l'azuré dans son indiscipline
glane l'amour donné.
mercredi 24 mai 2017
vendredi 19 mai 2017
Coeur d'eau
Au dernier pont soulevé la passion bruisse
comme des ricochets sous-entendus sur la mer.
Au premier rebond la passion encline à la vitesse
au second lancer retour de passion dans la coquille.
L'étendue prend les sursauts et les rejette à la surface
mais ce qui est coeur d'eau est intouchable.
dimanche 14 mai 2017
Carbon ( from Light : Blue Poles )
Vocals : Marie Fisker. Live in the KEXP Studio
Recorded March 11,2017
On into otherness ?
are we in the world after or before
are we or are we not magnetic force
_ Inger Christensen
from Light : Blue poles
[Translated by Susanna Nied]
vendredi 12 mai 2017
dimanche 30 avril 2017
dimanche 23 avril 2017
Reprise de dune
Face-à-face dans les limbes
ma joue sans toit se creuse
― la sensation est concise
trouve l'éminence sableuse
vois l'enfoncement du point
infusé jusqu'aux souffles
de la force du tumulte
glissé entre les doigts
― dévide l'écheveau.
mercredi 19 avril 2017
En portefeuille
La bretelle rabattue je dévisage l'attente
dans le reflet crayeux et faiblesses imbriquées
des fenêtres sur un corps dans le pavillon.
Facettes dentelées du paravent originel
d'une louve en cadre sous une apparence
et la maudite élégie de ses complaisances
_ je voudrai encore remarquer le rythme.
La tresse brune s'est défaite avec le vent fort
derrière tous les carreaux du prisme oscillant
mais les vertiges sont sourds à l'émoi
et au ganse déniché qui hurle l'amour.
Dès l'instant à la main les mèches éparses
recouvrent le jour pli à jour proche.
samedi 15 avril 2017
Émulsion de fait
Sonic Youth, Massage the History
[Album : The Eternal]
Les mots se dressent dans notre bouche
sans que nous puissions malgré le coeur
les apprivoiser au désordre
mardi 11 avril 2017
Éolienne
La liane au ventre
fait un bruit de chaînette
des clignements dans ses yeux
découvrir le souterrain
les douceurs sur la cale
dérober la scène
( introspection )
coulisse
sentir la marge
derrière les organes
jusqu'à l'irrigable
étroitement
La liane est un trésor tourmenté
une obstination en bataille
qui n'est plus la même
vendredi 7 avril 2017
Sur la photographie : La caverne de Platon par Susan Sontag ( Dédoublement )
Une photo est à la fois une pseudo-présence et une marque de l'absence.
[...]
Une signification nouvelle a été donnée à l'idée d'information par l'image photographique. La photo est une mince tranche d'espace autant que de temps. Dans un monde où règnent les images photographiques, toute limite ( " cadrage " ) semble arbitraire. Tout peut être séparé de tout, rendu discontinu : tout ce qu'il faut, c'est cadrer le sujet différemment. ( Inversement, tout peut être rapproché de tout. ) La photographie renforce une conception nominaliste de la réalité sociale, qui serait faite de petites unités en nombre apparemment infini, de la même façon que le nombre de photos qui pourraient être prise d'un objet quelconque est illimité. Par l'intermédiaire des photographies, le monde se transforme en une suite de particules libres, sans lien entre elles ; et l'histoire, passée et présente, devient un ensemble d'anecdotes et de faits divers. L'appareil photo atomise la réalité, permet de la manipuler et l'opacifie. C'est une conception du monde qui lui dénie l'interdépendance de ses éléments, la continuité, mais qui confère à chacun de ses moments le caractère d'un mystère. N'importe quelle photographie est chargée de sens multiples ; en effet, voir une chose sous la forme d'une photo, c'est se trouver en face d'un objet de fascination potentielle. Au bout du compte, l'image photographique vous lance un défi : " Voici la surface. A vous maintenant d'appliquer votre réflexion, ou plutôt votre sensibilité, votre intuition, à trouver ce qu'il y a au-delà, ce qui doit être la réalité, si c'est à cela qu'elle ressemble. "
_ Susan Sontag, Sur la photographie - Dans la caverne de Platon
Traduit de l'américain par Philippe Blanchard
[ Éditions Christian Bourgois ]
lundi 3 avril 2017
La chambre radiante
Quand tu te réveilleras dans cette autre chambre, bien plus radiante que le dessin dévoré d'une mousseline d'affection, ta rame creuse cédera au sabre et les habitudes seront éthérées comme un lit défait.
lundi 27 mars 2017
Persienne ( pour la hampe )
Ta sève tente l'essor
arpente la nuit soulevée
en pierre de sang
(fer)
des coulées
brûlantes
sur la voûte
empresser le pas
le coeur filant
vient
à mon odeur
entailler le goût
pour lécher le suc
(bois)
ma pièce s'étend
dépeinte par l'axe
ténu des salives
(nuance)
après l'écoulement de l'arbre
glisse ton ombre dans la claire-voie
l'imaginaire est une passerelle subtile
mercredi 22 mars 2017
La larme d'Herta Müller sous la frange
La frange sur l'anneau |
Le papier de soie blanc froufroute dans la boîte.
Sur le papier une larme en verre.
Avec un trou dans la partie supérieure.
Dans son ventre un sillon.
Sous la larme un billet écrit par Rudi :
" La larme est vide.
Remplis-la avec de l'eau. De l'eau de pluie de préférence. "
_ Herta Müller, Der Mensch ist ein großer Fasan auf der Welt
L'homme est un grand faisan sur terre. [La larme]
Traduit de l'allemand par Nicole Bary
dimanche 19 mars 2017
La baie
Il est déjà tard
un homme révèle une femme
il prend sa taille indécise
la croque d'une baie
béante sans âge
il est tard
déviant
samedi 18 mars 2017
Seda cruda
[Album : Lhasa, 2009]
En aquest punt les onades començaren a encabritar-se.
Una de mès ardida es desféu contra el vaixell deixà gotes d'aigua en el front d'Ala Liz i en les seves parpellesque s'abaixaren.
À ce moment-là les vagues commencèrent de se cabrer.
L'une d'elles, plus hardie, fondit sur le navire et humecta le front d'Ada Liz
et ses paupières qui se baissèrent.
_ Mercè Rodoreda, Semblava de seda i altres contes [ Ada Liz ]
Comme de la soie. Traduit par Christine Maintenant
La devise et l'enroulement dans la langue : Maria Mercè Marçal et Leonor Fini
Leonor Fini, L'enroulement du silence. 1955 |
DIVISA
A l'atzar agraeixo tres dons : haver nascut dona,
de classe baixa i nació oprimida.
I el tèrbol atzur de ser tres voltes rebel.
DEVISE
Je remercie le hasard de trois dons : être née femme,
de basse classe et de nation opprimée.
Ainsi ce trouble azur de me faire trois fois rebelle.
_ Maria Mercè Marçal, Trois fois rebelle
poème traduit par Anna Serra
Levée douce avec elles deux
sensualités franches langues de chat
une combinaison immortelle
décroisement des errances.
Prosopopée
vendredi 17 mars 2017
lundi 13 mars 2017
La valse des sens
Humain amour
illusions blanches
la liaison est si belle
écarlate de ses propres sens
au banc d'épines à haut les coeurs
eau-forte de la correspondance
nivelle les corps empêchés.
Il n'est de pesant dans ma voix
qu'un souvenir du contre-jour.
Je suis dans le commun du canal
en portes écoutées et ponts inlassables
écluse cavalière pour te rejoindre
de nature je crie à fleur au fond
et tu te hasardes en demi-tour.
dimanche 12 mars 2017
lundi 6 mars 2017
Une brève histoire des lignes de Tim Ingold - Maia
Les murs étaient des gratte-ciel sans dehors
les femmes serraient leur taille comme le vertige
mais les bons jours souriaient avant toute mesure
d'une conception en escalier pour se perdre.
J'ai fait des liens sur l'échiffre
de ce que j'ai lu sur la veine de Maia
une trace - le présent - un ouvrage
ce qui était à hauteur tangible.
◊
On ne peut évidemment pas se contenter de voir la surface comme une toile de fond conçue expressément pour que des lignes s'inscrivent dessus. Car tout comme l'histoire de l'écriture s'inscrit dans l'histoire de la ligne, il ne peut y avoir d'histoire de la ligne qui ne soit aussi celle des rapports, fluctuants, entre les lignes et les surfaces. [...]_ Tim Ingold, Une brève histoire des lignes
traduit de l'anglais par Sophie Renaut
[ Éditions Zones sensibles ]
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