dimanche 27 juillet 2025

Les signes que la langue découvre

 

« ..là où la peau a été touchée, la marque reste...»

   _ Goliarda Sapienza, Miroirs du temps
    [extrait de lettre à Mara, 15 juillet 1960]

                                                         rien d'autre que la sagacité


l'amour dit
la différence naît 
dans les tissus que le corps sent
le temps intime ouvre les mains et au bout des doigts la vision
il faut dire les choses profondes sans attente
    affectueusement en plein désordre
affleurer les traces 
unir les ombres


                                                       mes yeux et ceux du soleil


et par l'éclair d'un délice
où l'éclat est tangible
la vérité arrive


                                                                               nature double 


carnet / photographies / autoportrait K.D & G.L
Bruxelles
, 26 juillet 2025



vendredi 25 juillet 2025

La douceur de l'empreinte

les chattes partagent la clarté des fenêtres de la chambre, elles lisent l'instant d'avant, celui d'après et tout l'invisible de ce que ma bouche appelle. Face à elles, les maisons voisines reflètent l'incompréhensible d'un feu ardent, une forme de foyer étranger ou ce qui pourrait être l'écoute d'une vie nouvelle. Dans l'égarement du regard des félines, je parle la langue en eau tombée de gouttière en gouttière. J'apparais avec elles, je glisse sur les mots anciens et je disparais. La cascade peut s'évanouir de nos corps et pourtant nous survivons, rien ne vient du prolongement du ciel —  s'il y a de l'effacement dans le ravissement


                                                et du feu et l'azur - l'inlassable

j'ai touché quelque chose avec ma langue et c'est quelque chose que la chaleur des chattes traduit naturellement. Il semble si simple parfois avec l'attention précieuse de complices, d'interpréter les signes, d'être le retour d'une vision, l'insistance d'un prénom, affleurer un bonheur que nous ne voyons pas, de vivre un blottissement soudain contre la douceur aveugle



jeudi 17 juillet 2025

La fulguration des liens

 

Des toiles et des toiles mystérieuses et attachantes, entre autres, des sensations anonymes que le temps a éprouvées. Je suis là à l’intérieur, enveloppée de mots et de peau, j’ai le ventre rond qui ne connaît pas encore sa naissance. En soi, c’est une expérience intime de visibilité et d’invisibilité, toute une texture d’une trame à l’autre qu’il faut arpenter. 

Dehors, dans les plis du monde, les arbres ont revêtu leurs robes à motifs et au son de la nature, ils nouent des gestes à leur centre de gravité. C’est la beauté des mouvements dansés. Je sens la vie s’entrelacer aux fibres d’un dehors et d’un dedans que le temps veut réunir. Voilà le seuil d’un spectacle vertigineux et je cherche l’odeur des tissus dans la respiration des arbres. Voici aussi l’errance de mon pas derrière des phrases décousues. 

Il y a des formes improvisées, incolores, infinies et toutes les formes sont des rêves. Il y a ce lien aux lieux, précis et mobiles. Je passe dans les bras des arbres d’où tombent les mots et leurs fleurs. Je traverse cette couverture de sens et d’images, je passe le fil dans les failles des murs, je touche les empreintes du temps. Et de la joie et de l’inconnaissable, j’enroule les mouvements, je dénoue la chute des fleurs, j’arrive enfin à l’origine du corps naissant, aux lianes et la vie que mes mains ont écrites. 


L’eau coule, j’entends un filet d’eau parcourir ma vie. 




                                                                        K.DPortails
                                                                        Recherche création [Roubaix - 2024/2025]





lundi 14 juillet 2025

La relation, c'est écrit sur le fil, sur le film

 Ici, le sens du mot « relation » doit être entendu au sens littéral, non comme une connexion entre des entités pré-localisées mais comme un passage tracé dans le territoire de l'expérience vécue. Au lieu de raccorder des points à l'intérieur d'un réseau, chaque relation est une ligne dans un maillage de pistes entrecroisées. Raconter une histoire, c'est établir des relations entre des évènements passés, en retraçant un chemin dans le monde. C'est un chemin que les autres peuvent suivre en reprenant les fils des vies passées et en faisant défiler le leur. Mais comme dans la technique des boucles et du tricot, le fil qu'on déroule et le fil qu'on reprend font tous deux partie de la même fibre. 


   _ Tim INGOLD, Une brève histoire des lignes
     [Chapitre III, Connecter, traverser, longer  p.119/120]
        Trad. de l'anglais par Sophie Renaut
          Éditions Zones Sensibles
Pactum serva


Portails | recherche création 
écriture collective avec Elodie REQUILLART et des habitantes
extrait de la scénographie

film documentaire poétique franco-arabe
réalisé par Quentin OBAROWSKI 

projection débat - 12 juillet 2025
[La Condition Publique - Roubaix] 



samedi 5 juillet 2025

La lymphe dérive du plasma

 


                totalement sensible, dans le vacarme des doutes, les secousses
                maintenant, je vois la fin de la nuit monter autour de ma main
                elle s'enroule à une seule, véritable et totale dépossession
                elle monte et vient lentement caresser l'éclat d'une veine
                la nature aventureuse et liquide de la rencontre




plasma | illustration une image vivante
[Roubaix - juillet 2025]