lundi 30 décembre 2019
Era ( la boucle )
L'écriture comme un dessein blanc.
Je lève la tête dans le ciel de nuit.
J'aperçois l'exception de l'éloquence.
Ses doigts gauches si différents.
La phase de la lune sourit.
Et le galbe des lettres danse.
vendredi 20 décembre 2019
De la vie par Balzac ( enjambement silencieux )
DE LA VIE ÉLÉGANTE.
I.
Le but de la vie civilisée ou sauvage produit le repos.
II.
Le repos absolu produit le spleen.
III.
La vie élégante est, dans une large acception, l'art d'animer le repos.
IV.
L'homme habitué au travail ne peut comprendre la vie élégante.
V.
Corollaire. Pour être fashionable, il faut jouir du repos sans avoir passé par le travail, autrement gagner un quaterne, être fils de millionnaire, prince, sinécuriste ou cumulard.
DE LA VIE D'ARTISTE.
L'artiste est une exception : son oisiveté est un travail, et son travail est un repos ; il est élégant et négligé tour à tour : il revêt à son gré la blouse du laboureur, et décide du frac porté par l'homme à la mode, il ne subit pas de lois : il les impose. Qu'il s'occupe à ne rien faire, ou médite un chef d'oeuvre, sans paraître occupé ; qu'il conduise un cheval avec un mors de bois, ou mène à grandes guides les quatre chevaux d'un britchka ; qu'il n'ait pas vingt-cinq centimes à lui, ou jette de l'or à pleines mains, il est toujours l'expression d'une grande pensée et domine la société.
[...]
§ 1er.
PRINCIPES OECUMENIQUES DE LA TOILETTE.
Les gens qui s'habillent à la manière du manouvrier, dont le corps endosse quotidiennement, et avec insouciance, la même enveloppe, toujours crasseuse et puante, sont aussi nombreux que ces niais allant dans le monde pour n'y rien voir, mourant sans avoir vécu, ne connaissant ni la valeur d'un mets ni la puissance des femmes, ne disant ni un bon mot ni une sottise.
Mais, « mon Dieu, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! »
S'il s'agit de les convertir à l'élégance, pourront-ils jamais comprendre ces axiomes fondamentaux de toutes nos connaissances ?
XI.II
La brute se couvre, le riche ou le sot se pare, l'homme élégant s'habille.
XI.III
La toilette est, tout à la fois, une science, un art, une habitude, un sentiment.
_ Honoré de Balzac, Traité de la vie élégante. 1854
photos : Pitti Immagine Florence . 2019
mardi 17 décembre 2019
La grève
on se blesse
étroitement
à définir
la place creuse
des sensations
la vague comble
est plus forte
du fond de nous
excitation et marche
la vague ponctuée
d'une injonction
vents non alignés
sur la bouche
mais
du malaise
du sol sableux
on se redresse
et en bordure
des galets
toujours
froids
entendons-nous !
sur la trajectoire
les hautes sensations
sont comme calligraphiées
par coeur entraînant
les voies secrètes
pour surmonter
en ça chasser
les écrits
languis
du fond
de nous
foule la place immortelle !
lundi 2 décembre 2019
" Nie Wieder Krieg " ( plus jamais la guerre )
statue de Käthe Kollwitz
Kollwitzplatz, Prenzlauer Berg
Berlin - 31 Juli 2019
|
d'une même histoire captive, d'une même main, naissent des textes différents. D'année en année, d'heure en heure, la perception des choses bouge, si mobile en soi. Elle gravite vers l'extérieur comme un astre prêt à percer la croûte terrestre. Elle sait être atome irréductible sous le déhanchement des mots. Elle a ce pouvoir d'éclipse dans la jeunesse des doutes et lune rayonnante à l'âge mature. Elle note le délire qu'elle rature d'un léger coup de cils, et parfois le délire reste sous la frange.
Mais ce jour-là, les paupières se sont déchaînées, les mains ont crevé les ombres busquées aux arbres, tout un square est apparu lieu paisible face au ventre combattant d'une mère
samedi 23 novembre 2019
Sous cape
un excès d'images
dans une illusion
le feutre entre les doigts
sous cape comme ces doigts
qui murmurent jusqu'à la nuit
ce qui s'accélère à chaque lever
nourrit l'imagination impatiente
rompt avec l'invisible
parce que demain est illisible
entendre les doigts qui s'étirent
jusqu'à ce que la force s'emballe
tout comme
un excès de formules
que la mémoire protège
et sous cape l'inspiration
pour la musique qui se mange crue
mais de plus vive protestation
aux soi-disant génies
des marches
à suivre
aujourd'hui
l'air s'échappe
des excès écrits
et toute l'intensité
des promenades intérieures
ramasse les feuilles blanches
dans une illusion
le feutre entre les doigts
sous cape comme ces doigts
qui murmurent jusqu'à la nuit
ce qui s'accélère à chaque lever
nourrit l'imagination impatiente
rompt avec l'invisible
parce que demain est illisible
entendre les doigts qui s'étirent
jusqu'à ce que la force s'emballe
tout comme
un excès de formules
que la mémoire protège
et sous cape l'inspiration
pour la musique qui se mange crue
mais de plus vive protestation
aux soi-disant génies
des marches
à suivre
aujourd'hui
l'air s'échappe
des excès écrits
et toute l'intensité
des promenades intérieures
ramasse les feuilles blanches
jeudi 14 novembre 2019
Les années d'Annie Ernaux │ Les gestes et les pots
Hors des récits, les façons de marcher, de s'asseoir, de parler et de rire, héler dans la rue, les gestes pour manger, se saisir des objets, transmettaient la mémoire passée de corps en corps du fond des campagnes françaises et européennes. Un héritage invisible sur les photos qui, par-delà les dissemblances individuelles, l'écart entre la bonté des uns et la mauvaiseté des autres, unissait les membres de la famille, les habitants du quartier et toux ceux dont il était dit ce sont des gens comme nous. Un répertoire d'habitudes, une somme de gestes façonnés par des enfances aux champs, des adolescences en atelier, précédées d'autres enfances, jusqu'à l'oubli :
manger en faisant du bruit et en laissant voir la métamorphose progressive des aliments dans la bouche ouverte, s'essuyer les lèvres avec un morceau de pain, saucer l'assiette si soigneusement qu'elle pourrait être rangée sans lavage, taper la cuiller dans le fond du bol, s'étirer à la fin du dîner. Se débarbouiller seulement la figure chaque jour et le reste selon le degré de saleté, les mains et les avant-bras après le travail, les jambes et les genoux des enfants les soirs d'été, le lavage en grand réservé aux fêtes empoigner les choses avec force, claquer les portes. Faire tout avec brusquerie, qu'il s'agisse d'attraper un lapin par les oreilles, donner un bécot, serrer un enfant dans son giron. Les jours où le torchon brûle, entrer et sortir, bouger les chaises marcher à longues enjambées en balançant les bras, s'asseoir en se jetant dans le siège, les vieilles femmes en enfonçant le poing au creux du tablier, se relever en décollant d'une main rapide la jupe restée dans les fesses pour les hommes, l'usage continuel des épaules transportant la bêche, des planches et des sacs de pommes de terre, les enfants fatigués au retour de la foire pour les femmes, des genoux et des cuisses coinçant le moulin à café, la bouteille à déboucher, la poule qu'il faut égorger dont le sang goutte dans la cuvette parler fort et de façon grondeuse en toutes circonstances,
comme s'il avait fallu se rebiffer contre l'univers depuis toujours.
_ Annie Ernaux, Les Années
sans titre - les pots |
manger en faisant du bruit et en laissant voir la métamorphose progressive des aliments dans la bouche ouverte, s'essuyer les lèvres avec un morceau de pain, saucer l'assiette si soigneusement qu'elle pourrait être rangée sans lavage, taper la cuiller dans le fond du bol, s'étirer à la fin du dîner. Se débarbouiller seulement la figure chaque jour et le reste selon le degré de saleté, les mains et les avant-bras après le travail, les jambes et les genoux des enfants les soirs d'été, le lavage en grand réservé aux fêtes empoigner les choses avec force, claquer les portes. Faire tout avec brusquerie, qu'il s'agisse d'attraper un lapin par les oreilles, donner un bécot, serrer un enfant dans son giron. Les jours où le torchon brûle, entrer et sortir, bouger les chaises marcher à longues enjambées en balançant les bras, s'asseoir en se jetant dans le siège, les vieilles femmes en enfonçant le poing au creux du tablier, se relever en décollant d'une main rapide la jupe restée dans les fesses pour les hommes, l'usage continuel des épaules transportant la bêche, des planches et des sacs de pommes de terre, les enfants fatigués au retour de la foire pour les femmes, des genoux et des cuisses coinçant le moulin à café, la bouteille à déboucher, la poule qu'il faut égorger dont le sang goutte dans la cuvette parler fort et de façon grondeuse en toutes circonstances,
comme s'il avait fallu se rebiffer contre l'univers depuis toujours.
_ Annie Ernaux, Les Années
vendredi 8 novembre 2019
Infusion
je me suis drapée
aux fumées chaleureuses
et je n'ai pas bougé
la tête basse
j'ai étreint l'odeur qu'ont les paroles
et j'ai chanté l'air de leurs volutes
mais sans dessus sans dessous
ce n'est qu'un bruit d'organe
j'ai pourtant essayé de dépeindre
la courbe vertigineuse du signe
mais dedans ou dehors
personne n'entend
jeudi 31 octobre 2019
U comme aimant
sans doute
en ça
vous vivez
comme l'aimant
naturellement porté
à une moitié de choses
un état
d'innocence
naît
Ralph Gibson : La trilogie │ autoportrait Pavillon populaire . Montpellier 2017 |
hors de vos yeux
à cet instant
vous sentez
voyant.e
quelqu'un d'autre
que vous
tisser
un manque
à travers
ce que vous êtes
présent.e
éloigné.e
de
celui
qu'elle ou il
appelle
Unique
dimanche 20 octobre 2019
Une nature fraîche
soulève les paupières
à la question éprouvante du signe et du regard
elle est le vif kaléidoscope dans le coeur de chaque mot
maintenant tu peux tout voir à la sortie de ta peau
même l'angle mort du corps dans le texte
même la joie lisible dans le noir
à la question éprouvante du signe et du regard
elle est le vif kaléidoscope dans le coeur de chaque mot
maintenant tu peux tout voir à la sortie de ta peau
même l'angle mort du corps dans le texte
même la joie lisible dans le noir
mardi 15 octobre 2019
Le roulis
il y a des années épiques
quand le feu s'enlace à l'eau
et du désir dans tous les poèmes
tu es l'éclair et tu brûles
la courbe en flèche supplice
au devoir te décrire
sous ta langue
il y a des phonèmes absolus
la consistance du sang
et le rapprochement
des doigts frileux
il y a aussi - pour la beauté
ai-je dû passer un jour au-dessus ?
une volonté ronde et lente
quand tu ondules
entre les émois
flottants
mais voilà
dans cette faim
faisant des images
la vue est imprenable
dans le ressac de tes lignes
quand le feu s'enlace à l'eau
et du désir dans tous les poèmes
tu es l'éclair et tu brûles
la courbe en flèche supplice
au devoir te décrire
sous ta langue
il y a des phonèmes absolus
la consistance du sang
et le rapprochement
des doigts frileux
il y a aussi - pour la beauté
ai-je dû passer un jour au-dessus ?
une volonté ronde et lente
quand tu ondules
entre les émois
flottants
mais voilà
dans cette faim
faisant des images
la vue est imprenable
dans le ressac de tes lignes
mercredi 9 octobre 2019
Quand nos yeux se touchent ⌠organsin au sujet du jour⌡
organsin # |
« Quand nos yeux se touchent, fait-il jour ou fait-il nuit ? »
Est-ce le jour, ici, à cet instant ?
Et cet instant appartient-il au temps ?
Au temps de la terre ?
Au temps compté par ce tour de la terre
qu'on appelle la course finie d'un soleil ?
Est-ce un jour ? Est-ce la nuit ?
Faudrait-il faire la nuit, faire paraître la nuit pour regarder l'autre
ou pour se voir regardé par l'autre ?
Pour voir l'autre nous voir, soit à la condition qu'alors
nous ne voyions plus la visibilité,
seulement la croyance de ses yeux ?
Est-ce cela, la nuit, notre première nuit, le premier sens,
le sens fort du mot « nuit » ?
Le premier qu'il nous faille avoir le goût d'entendre,
avant de voir ou de toucher ?
[...]
Celle-ci : si improbable que cela paraisse,
j'ai cru déchiffrer cette inscription anonyme sur un mur de Paris,
Comme si elle avait voyagé depuis les rives d'une autre langue
(« Quand nos yeux se touchent, fait-il jour ou fait-il nuit ? »).
Elle m'aurait inspiré le désir de la réciter, purement et simplement,
en exergue à ce que je voulais écrire, depuis longtemps,
pour Jean-Luc Nancy,
celui que j'appelle à part moi le plus grand penseur du toucher de tous les temps.
– De tous les temps, vraiment ?
_ Jacques Derrida, Le toucher, Jean-Luc Nancy
[Éditions Galilée]
vendredi 4 octobre 2019
Train de nuit dans la rosée *
on peut se demander si écrire répond à une question
ou si appeler un mot est le désir de s'interroger
sur ce qui fait le jour et ce qui berne la nuit
contre le rêve dans l'abîme
comme la naissance
au sommeil long
on continue à voir la pluie miroiter
mais tout filet brillant sera toujours brillant
ce qui passe entre les doigts est trop ténu pour luire
* inspiré de la nouvelle de Kenji Miyazawa
" Train de nuit dans la Voie lactée "
écrite en 1927 / publiée en 1934
mercredi 25 septembre 2019
Opopanax
j'ai écrit —Amour
puis j'ai fui la destination
le coeur érige une capitale
en dédale capiteux
dimanche 22 septembre 2019
À contre-courant
à gravir son image
les ondulations grondent
personne ne peut voir ses yeux
un mur en vers
une écriture en glyphes
personne ne sait recommencer
le même refrain
en surface
je n'ai jamais pu comprendre
le courant des choses qui revient
où tout contre moi-même
je suis un éteignoir
dimanche 15 septembre 2019
vendredi 23 août 2019
Farben Damm
jeudi 15 août 2019
Mouvance
j'ai écrit des carnets de nuits
toujours à l'encre noire
mais la lune indécise
toujours
s'est éclipsée
sans la caresse du bruit
alors
les nuances ont chaviré
les automnes ont sangloté
belle allure d'un refrain
sans que je puisse
penser
après minuit
tout le monde s'endort
comme ça
par ces mots simples
tous les désirs s'endorment
comme ça aussi
dans l'ombre
de soi-même
toujours à l'encre noire
mais la lune indécise
toujours
s'est éclipsée
sans la caresse du bruit
alors
les nuances ont chaviré
les automnes ont sangloté
belle allure d'un refrain
sans que je puisse
penser
après minuit
tout le monde s'endort
comme ça
par ces mots simples
tous les désirs s'endorment
comme ça aussi
dans l'ombre
de soi-même
samedi 3 août 2019
Umdenk │Situation
mercredi 24 juillet 2019
vendredi 19 juillet 2019
Le biais sensible
peut-être est-ce si fort
qu'un sentiment
signe la boucle
le deuxième regard est un lacet
recouvert d'une fine raison
des années sur la même corde
sans trace écrite
le premier était une gueule noire
un beau dessin primaire
sur une robe blanche
qu'un sentiment
signe la boucle
le deuxième regard est un lacet
recouvert d'une fine raison
des années sur la même corde
sans trace écrite
le premier était une gueule noire
un beau dessin primaire
sur une robe blanche
mercredi 10 juillet 2019
dimanche 7 juillet 2019
« J'entends » les Femmes ║ Delphine Seyrig par M. Duras
Delphine Seyrig & Maria Schneider sur le tournage du film documentaire Sois belle et tais-toi - 1976 |
Delphine Seyrig est née au Liban en 1932. «Dans la plus belle lumière du monde», dit-elle. De l'enfance protestante, de la culture, du ciel rose du mont Liban et de Balbek sont venus l'intelligence de l'art et de la vie, la grâce austère du maintien, la loyauté absolue, le dégoût presque traumatique du mensonge, etc. Le reste, c'est elle seule. Mais «elle», qui c'est ? On a calculé qu'il faudrait des centaines de pages pour décrire rigoureusement le pas de l'homme, et dans ses causes musculaires, nerveuses, et dans ses efforts. Combien faudrait-il de pages pour décrire un sourire, un regard, l'inflexion d'une voix ? Mille ? Tout ce que je peux faire, c'est vous donner envie d'imaginer à votre guise la femme qui se nomme ainsi : Delphine Seyrig. [...]
Ce visage maigre - en dehors de toute mode - sur lequel est posé le sourire de l'humour universel, ou de l'intelligence - c'est pareil -, il est aussi imprévisible que celui d'une inconnue de la rue. Et cela, chaque fois qu'on la revoit. c'est ce qu'elle appelle varier. «Je ne crois pas aux "emplois ". On varie quand on peut varier... Ce qu'on appelle l'emploi, c'est une disponibilité entière. »
Nous en arrivons au dernier départage entre elle et les autres : la façon de parler : «On dit que j'ai une drôle de façon de parler, c'est bien vrai, j'ai une drôle de façon de parler, mais c'est ma façon de parler dans la vie.» C'est vrai : entre la comédienne et celle qui parle au petit garçon qui habite la maison, aucun décalage. Je trouve une image et je vous la donne : elle parle comme quelqu'un qui vient d'apprendre le français mais qui n'en aurait aucune habitude et qui éprouverait un plaisir extrême, physique, à le parler. On dirait qu'elle vient de finir de manger un fruit, que sa bouche en est encore tout humectée et que c'est dans cette fraîcheur, douce, aigre, verte, estivale que les mots se forment, et les phrases, et les discours, et qu'ils nous arrivent dans un rajeunissement unique.
Pour ma part, j'aurais pu l'engager sur sa seule voix au téléphone, sans la voir. Il y en a qui ne la supportent pas, de moins en moins à vrai dire. Il y en a d'autres qui en sont intoxiqués. Moi : avant qu'ils soient distribués «j'entends» tous mes textes lus par Delphine.
Cette voix irréaliste, cette ponctuation absolument imprévisible et qui va à l'encontre de toute règle, c'est aussi Delphine Seyrig. [...]
In «Outside», POL 1984. Première parution dans «Vogue», 1969.
— Marguerite Duras ( Libération du 17 octobre 1990 ).
documentaire réalisé par Callisto Mc Nulty
lundi 1 juillet 2019
88
un cahier plein
a la clé du vide
ouvre un pli de ma plaie
fait des lambeaux de ses guerres serrées
alors oublie la trêve !
alors oublie la trêve !
fais de la mort d'une promesse
de la dentelle charnelle
une kyrielle de corail
de ton sang froid
le murmure nu
des veines
le giron
la mer
levée
de la dentelle charnelle
une kyrielle de corail
de ton sang froid
le murmure nu
des veines
le giron
la mer
levée
samedi 22 juin 2019
Revêtement sur des kilomètres de sens
à Y.
revêtement # 5X5
On a planté le cactus, l'agave, le caroubier.
Solidement, dans ma profondeur de lave.
L'agave, de son enlacement maternel,
freine la blanche fureur de la montagne.
La roche, immense amas de fureur concentrée,
cogne contre le bleu implacable du ciel.
Agave aux griffes blessant le ciel,
le jasmin ne calme pas ta cruauté.
_ Goliarda Sapienza, Carnets
[mars 1977]
revêtement # 5X5
On a planté le cactus, l'agave, le caroubier.
Solidement, dans ma profondeur de lave.
L'agave, de son enlacement maternel,
freine la blanche fureur de la montagne.
La roche, immense amas de fureur concentrée,
cogne contre le bleu implacable du ciel.
Agave aux griffes blessant le ciel,
le jasmin ne calme pas ta cruauté.
_ Goliarda Sapienza, Carnets
[mars 1977]
samedi 8 juin 2019
samedi 1 juin 2019
Les souvenirs en paravent
première image sans contour
qu'aucun mot ne concentre en elle
ni toucher ni miroir ni fenêtre
pas plus lumière seule
par les preuves
du temps
rien qu'une histoire
solide comme l'écrit
en dehors peut-être
d'une forme deçà
delà
le recul
l'insaisissable
qu'aucun mot ne concentre en elle
ni toucher ni miroir ni fenêtre
pas plus lumière seule
par les preuves
du temps
rien qu'une histoire
solide comme l'écrit
en dehors peut-être
d'une forme deçà
delà
le recul
l'insaisissable
mercredi 29 mai 2019
vendredi 17 mai 2019
dimanche 5 mai 2019
Au ventre
sensible en boucle cruellement mon amour
de la sensibilité même du méandre la vérité manque
l'empreinte a saisi ton précipice d'où le crépitement
tu ne vois plus que dans ta chair
sans cesse en écritoire les paysages de ta nature se décomposent
en ça il faut toucher le verbe avant de redécouvrir le fond
du silence .silence. son double la reprise au travers
liquidation formelle l'écume s'échappe des dunes entre tes doigts
c'est phénoménal tu adviens à une présence absente
tu invoques le dernier roseau le buste dérobé mais stable
tu t'appuies contre sa moelle
devant l'onde du mouvant illimité
tu n'es plus rétive
mon amour invisible n'est-il pas l'espoir ?
là - par
« ce décor »
bruissante à l'image
la déchirure de la toile de fond
semble chasser
tout le temps
en sursaut
sous l'averse
le vent
quand vient une autre image immobile
le désir pareil à l'entame d'une lecture
le vertigineux pareil au murmure intérieur
le geste renversé pour se tenir à soi-même
dès lors ton regard
mon amour
dissout cette liberté violente
de mes doigts à tes yeux
la note du sismographe
nature
comment te portes-tu ?
— du déroulement gelé
cran sensible au corps d'une brûlure à degré absolu
l'immanence résonne et sauve
la vie vibre mon amour fixe
c'est le dénouement d'être !
le jour a raison
en réserve
c'est toujours la nuit
de la sensibilité même du méandre la vérité manque
l'empreinte a saisi ton précipice d'où le crépitement
tu ne vois plus que dans ta chair
sans cesse en écritoire les paysages de ta nature se décomposent
en ça il faut toucher le verbe avant de redécouvrir le fond
du silence .silence. son double la reprise au travers
liquidation formelle l'écume s'échappe des dunes entre tes doigts
c'est phénoménal tu adviens à une présence absente
tu invoques le dernier roseau le buste dérobé mais stable
tu t'appuies contre sa moelle
devant l'onde du mouvant illimité
tu n'es plus rétive
mon amour invisible n'est-il pas l'espoir ?
là - par
« ce décor »
bruissante à l'image
la déchirure de la toile de fond
semble chasser
tout le temps
en sursaut
sous l'averse
le vent
quand vient une autre image immobile
le désir pareil à l'entame d'une lecture
le vertigineux pareil au murmure intérieur
le geste renversé pour se tenir à soi-même
dès lors ton regard
mon amour
dissout cette liberté violente
de mes doigts à tes yeux
la note du sismographe
nature
comment te portes-tu ?
— du déroulement gelé
cran sensible au corps d'une brûlure à degré absolu
l'immanence résonne et sauve
la vie vibre mon amour fixe
c'est le dénouement d'être !
le jour a raison
en réserve
c'est toujours la nuit
dimanche 28 avril 2019
samedi 20 avril 2019
La ballade au couteau
je vous balade
clair de jour
ciel qui court
dans ma voix
je me répète
ailleurs le jour
en tailleur le mot
juste et sentimental
je digresse
fends le monde
en deux corps
comme un fruit
j'étale des images
vous ne comprenez pas !
je suis la place vide
dans un dialogue
je vous balade
au fond de vous
jusqu'à la lie
du vers
mercredi 17 avril 2019
Flore et Impardonnables
mercredi 10 avril 2019
Sentimentalité
on prend la pluie
on prend la peine
mais pas de paroles sèches
« — l'amour est insensé ! »
on ne dépeint
qu'une expérience
ultime et sensorielle
mercredi 3 avril 2019
Rame
une rame souffleuse
blanche
parce que l'on pourrait essayer
d'éprouver l'eau
de traverser l'océan
ouvrir la bouche
de la vie
sans lever la main
pour se protéger les yeux
du soleil noir
blanche
parce que l'on pourrait essayer
d'éprouver l'eau
de traverser l'océan
ouvrir la bouche
de la vie
sans lever la main
pour se protéger les yeux
du soleil noir
mercredi 13 mars 2019
L'alleluiah & la réciproque
La réciproque - Imagine Florence # |
◊
« Tu es marquée.
Ne cherche plus à fuir
[...]
Ton affaire en ce monde n'est
ni d'assurer le salut d'une âme assoiffée de paix,
ni de procurer à ton corps les avantages de l'argent.
Ton affaire est la quête d'un inconnaissable destin.
C'est pour cela que tu dois lutter dans la haine des limites
— qu'oppose à la liberté le système des convenances.
C'est pour cela que tu devras t'armer d'un secret orgueil
et d'une insurmontable volonté.
Les avantages que t'a donnés la chance
— ta beauté, ton éclat et l'emportement de ta vie
— sont nécessaires à ta déchirure.
Bien entendu, ce témoignage ne sera pas révélé vraiment :
la lumière émanant de toi ressemblera
à celle de la lune éclairant la campagne endormie.
Toutefois, la misère de ta nudité et la transe de ton corps énervé d'être nu
suffiront à ruiner l'image d'un destin limité des êtres.
De même que la foudre qui tombe ouvre sa vérité à ceux qui la touche :
la morte éternelle, révélée dans la douceur de la chair, atteindra de rares élus.
Avec toi ces élus entreront dans la nuit où se perdent des choses humaines :
car seule l'immensité des ténèbres dissimule,
à l'abri des servitudes du jour, une lumière d'éclat aussi fulgurant.
Ainsi dans l'alleluiah de la nudité,
n'es-tu pas encore au sommet où se révélera l'entière vérité.»
_Georges Bataille, L'alleluiah
[Catéchisme de Dianus]
[Catéchisme de Dianus]
mercredi 6 mars 2019
Clémence courte
à l'instant où les arbres se vident
leurs bras coupés par les calculs de l'homme
on peut voir sur le faîte deux yeux baissés
et la chaleur informe au pied du crime
autour d'un seul corps
les choses de la vie valsent
par une musique en pêle-mêle
qui n'a ni d'avant ni d'après
le coeur du vent bat si fort
dimanche 3 mars 2019
samedi 23 février 2019
Ombre portée
je ne choisis pas l'envers de l'ombre
mais il n'est pas non plus de hasard
je suis une figure retournée à brûle-pourpoint
dimanche 10 février 2019
Charme amer
la magie meurt
elle tait la cause
son dessein écarté
des visions caressantes
tuée aux querelles
mais toujours engagée
elle court dans ma mémoire
invisible
surnaturelle
devant l'obstacle
elle a cédé
à ce qui fut l'amer
le flux patient au seuil
des réminiscences ardentes
mes mains instables
distillent un feu nu nouveau
les franges usées de mes yeux
ne se délavent plus au vide
un mince espace se baisse
fermeture franche des mirages
inavouable attachement
aux mots limpides
la bruine dehors
dit qu'il faut disperser
la parole du ventre
elle tait la cause
son dessein écarté
des visions caressantes
tuée aux querelles
mais toujours engagée
elle court dans ma mémoire
invisible
surnaturelle
devant l'obstacle
elle a cédé
à ce qui fut l'amer
le flux patient au seuil
des réminiscences ardentes
mes mains instables
distillent un feu nu nouveau
les franges usées de mes yeux
ne se délavent plus au vide
un mince espace se baisse
fermeture franche des mirages
inavouable attachement
aux mots limpides
la bruine dehors
dit qu'il faut disperser
la parole du ventre
mercredi 6 février 2019
Gorgone dans l'atrium
[La passion suspendue - atrium] |
comme toute la raison d'être
et la pensée capiteuse n'est pas une fleur
il est impossible de dénigrer l'espace où voltigent les doutes
tout ça est vif et presque invisible derrière les sens d'une image
telle je la vis ténue et inexplicable à cet instant en moi
parce que ces doutes sont des vaisseaux conquérants à nos passages intérieurs
corps en nous ― ils nous dédoublent
corps en corps ― ils se multiplient
sur le fil tendu ― ils nous étreignent
que nous le voulions ou pas ils dansent au plus profond de la mer de corail
le coeur pressé
la tête souple et dure
les palpitations accélérées par le monde sauvage
― au regard des mots, nous nous passionnons à la vue d'un courant !
vendredi 25 janvier 2019
samedi 12 janvier 2019
vendredi 4 janvier 2019
Flanelle
il est temps
de changer de dalle
d'écouter la femme
vague ensevelie
retirée
par-dessus la taille
la lenteur du vide
mine blanche
sur le noir
flanelle
feutrée
il est temps du passage
comme une distillation
" laisse-toi crier, tu ne peux pas m'entendre ! "
de changer de dalle
d'écouter la femme
vague ensevelie
retirée
par-dessus la taille
la lenteur du vide
mine blanche
sur le noir
flanelle
feutrée
il est temps du passage
comme une distillation
" laisse-toi crier, tu ne peux pas m'entendre ! "
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